Projet des « Espradeaux » : Un Impact Écologique et Social Sous-Estimé


Le projet immobilier au lieu dit les « Espradeaux » à Velaux, mené par la société HABSIDE, soulève plusieurs questions, notamment sur son impact écologique et social.

À travers cet article, nous explorerons ces enjeux, les réponses apportées par les promoteurs, et mettrons en lumière les problématiques de concertation et d’équilibre territorial.

Enjeu écologique : un environnement vulnérable menacé
Le site des « Espradeaux », situé à proximité de deux zones Natura 2000 et d’un corridor écologique sensible, est un espace qui héberge une grande biodiversité. Le Vallat des Vignes, qui traverse le site, est identifié comme un corridor de vol pour plusieurs espèces de chauves-souris et constitue une importante continuité écologique locale​. La destruction d’environ 10 000 m² de pinède (demande de défrichement de 1ha), qui abrite de nombreux oiseaux et insectes, compromet directement la faune et la flore locales.

Le projet prévoit des mesures d’atténuation, telles que la conservation de certains arbres et l’utilisation de lampadaires à faible impact lumineux, mais ces réponses semblent dérisoires face à l’ampleur de la déforestation et des modifications hydrologiques prévues​. Par exemple, l’abattage de la majorité des pins d’Alep réduit fortement le couvert végétal, un élément clé pour la stabilité écologique du site.

Réponse aux enjeux écologiques : des efforts minimaux
Les promoteurs ont justifié le projet en soulignant que le site n’est pas directement intégré aux périmètres de protection Natura 2000, et qu’aucun habitat favorable aux chauves-souris n’est présent dans la zone d’influence immédiate​.

Cependant, cette vision est restrictive et ne tient pas compte de la fragmentation des habitats et de l’altération des corridors écologiques et ne compensera pas l’impact global. Au lieu de véritablement s’attaquer à la préservation de l’écosystème, ces mesures relèvent davantage d’une stratégie de minimisation symbolique des impacts.

Projet des « Espradeaux » : Quand le quota de logements sociaux devient un casse-tête
La commune de Velaux est actuellement en situation de carence en matière de logements sociaux et doit augmenter son parc pour atteindre le quota légal de 25 % imposé par la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbains).
Cela signifie que, sur un total de 3 744 logements, la commune devrait disposer de 936 logements sociaux.

Cependant, la situation actuelle est loin de cet objectif. Velaux ne compte actuellement que 312 logements sociaux, ce qui laisse un déficit de 624 logements à combler pour satisfaire les exigences légales.

Un projet qui ne répond pas aux besoins réels
Le projet immobilier des « Espradeaux », initié par la société HABSIDE, prévoit la construction de 56 logements, répartis en deux groupes égaux de 28 logements sociaux et 28 non-sociaux. Bien que cela contribue partiellement à réduire le déficit de logements sociaux, ce projet semble davantage motivé par une volonté de répondre aux pressions administratives que par une réelle cohésion sociale et territoriale.

Le paradoxe des quotas et des projets mixtes
Si la commune opte pour des projets où seulement 50 % des logements sont classés comme sociaux, la situation se complique. Pour atteindre le quota de 936 logements sociaux (ce qui représente 25 % du total), il faudrait construire un nombre encore plus important de nouveaux logements. En effet, pour combler le déficit de 624 logements sociaux, il serait nécessaire de construire 1 248 nouveaux logements (50 % de logements sociaux et 50 % de logements non-sociaux).

Cette stratégie, pourtant couramment employée, conduit à une augmentation importante du nombre total de logements dans la commune. Si ces 1 248 logements supplémentaires sont construits, le nombre total de logements dans la commune passerait de 3 744 à 4 992, augmentant ainsi considérablement la densité urbaine et la pression sur les infrastructures locales.

Le paradoxe est le suivant : plus on ajoute de logements mixtes (50 % sociaux, 50 % non-sociaux), plus le nombre total de logements nécessaires pour respecter les 25 % augmente. Ce phénomène de « course aux chiffres » rend l’objectif de 25 % de plus en plus difficile à atteindre.

Cette situation met en évidence le manque de cohérence dans la planification urbaine. Au lieu de se concentrer uniquement sur la satisfaction des quotas chiffrés, il est crucial d’adopter une approche plus équilibrée, qui prenne en compte les besoins réels de la population, la capacité d’accueil des infrastructures, et la préservation de la qualité de vie.

Un manque flagrant de concertation publique
Contrairement à ce qui est affirmé par les autorités locales, aucune concertation réelle n’a eu lieu avec les riverains et les associations locales. Les décisions concernant la vente du terrain communal et les plans de développement ont été prises sans consulter les résidents ni les associations concernées.
Le projet a été découvert par hasard par certains membres du collectif ‘Vallat’, alors qu’il était déjà bien avancé en 2023. Une demande de défrichement a même été déposée en plein milieu de l’été.

Les tentatives de la mairie pour présenter ce projet comme un développement participatif masquent un manque de transparence et une gestion unilatérale des ressources naturelles de la commune. L’absence de dialogue a exacerbé la méfiance et la frustration au sein de la communauté, qui se sent trahie par un processus opaque et incomplet.

Conclusion : Un projet à reconsidérer
Le projet des « Espradeaux » montre clairement que les enjeux environnementaux et sociaux n’ont pas été suffisamment pris en compte. Les mesures proposées pour atténuer les impacts écologiques apparaissent dérisoires face à la destruction de la pinède et à la perturbation des corridors écologiques sensibles. De plus, l’ajout de nouveaux logements sociaux semble davantage motivé par le besoin de remplir les quotas légaux que par une réponse aux besoins réels de la population locale.

En poursuivant un développement intensif sans une réflexion approfondie, ce projet risque de créer un déséquilibre majeur pour les infrastructures existantes de la commune. L’étude d’impact prévoit déjà une augmentation de 528 véhicules par jour supplémentaires dans ce seul lotissement, ce qui accentuera la saturation des voies locales et compliquera encore plus la gestion du trafic.

Par ailleurs, la forte croissance du nombre de logements (projet actuel et à venir) aura des répercussions directes sur les services publics, tels que les écoles, qui devront s’adapter à une augmentation soudaine et non gérée de la population. Cette pression supplémentaire pourrait mener à une dégradation de la qualité de vie pour les habitants actuels, avec des classes surchargées et des équipements publics inadaptés. Sur le court terme on a l’impression que la vente du terrain permettra d’équilibrer le budget communal, mais sur le plus long terme, Velaux s’endettera encore plus.

Il est donc crucial que la commune de Velaux prenne du recul et reconsidère ce projet en impliquant les citoyens et les acteurs locaux dans un véritable processus de concertation. Une meilleure évaluation des besoins réels en logements, une planification minutieuse des infrastructures, et une préservation rigoureuse de l’écosystème local doivent être les priorités pour garantir un développement plus équilibré et durable, à la fois pour les générations actuelles et futures.


Une réponse à “Projet des « Espradeaux » : Un Impact Écologique et Social Sous-Estimé”

  1. Que des vérités ont été dises ici. Les Velauxiens laissés volontairement non informés par le Maire malgré ses discours de dialogue et de concertation inexistantes.
    Nous habitant et citoyens devons réagir et nous faire entendre par tous les moyens possibles.
    Poster cet article très bien documenté sur le Facebook de Velaux.
    Velauxiens il faut nous réveiller

Répondre à Chretien Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *